La dépression semble survenir abruptement ou s'installer petit-à-petit, sournoisement, sur des années, ou bien avoir toujours été présente en arrière fond, de sorte qu'elle paraissait faire partie de "notre nature" . Dans ce que l'on nomme " le burn out", on se sent soudainement incapable de poursuivre le travail malgré les innombrables injonctions intérieures que l'on s'est données jusque là. La volonté ne fonctionne plus. On est soudainement précipité dans un abîme d'incompréhension et de confusion.
L'effondrement psychique est parfois si sévère qu'il remet en question l'équilibre entier de l'être; son rapport au corps, ses appuis dans l'espace et le temps; et bien sûr l'accès à sa propre mémoire. L'énergie s'amoindrit dramatiquement ou par à-coups inattendus; des crises d'angoisse ou de vertige se produisent sans préalable ou logique apparente. Cela, pourrait ressembler à une " malédiction", un coup du sort s'abattant sans raison. Cette chute brutale est d'autant plus difficile à justifier aux yeux des autres comme à nos propres yeux que la cause en est obscure.
La dépression possède de multiples visages et possède des causes souterraines, parfois due à un ou plusieurs traumatismes (chocs) successifs. Parfois remontant à des générations de malentendus transmis aux descendants. Cela n'est, en tout cas pas un effet du hasard ou de la malchance même si la malchance finit par s'en mêler aussi.. Il faut souvent arriver à cet extrême pour commencer à s'autoriser à s'intéresser à soi-même et considérer enfin ce qui est demeuré caché en arrière fond. L'arrêt brutal imposé par cette crise durable va permettre que nous accordions de l'importance à ce que nous éprouvons davantage qu'à la raison sociale, un éprouvé avec lequel nous n'avions plus contact depuis des années.
Si la dépression est d'abord vécue comme un choc et une malédiction ( malédiction signifie: mal dire ou ne pas dire) elle est le portail qui donne accès à une conscience plus profonde; et à une nécessité de se renouveler, de se retrouver. Il est important de comprendre que cette situation n'est pas un fait extérieur mais le résultat de notre propre conscience qui réagit -sainement- à une situation imposée par l'existence extérieure conventionnelle . C'est en somme une forme de révolte intérieure de l'âme face à un contexte normatif accablant ou face à la place trop grande d'un fantasme perçu comme une réalité..
La révolte qui travaille en nous est égale au joug qui nous étreint. Nous ne le pressentons que de façon lointaine. D'autres voix en nous semblent avoir pris le pouvoir et notre propre voix est devenue inaudible depuis longtemps, et même impossible à reconnaitre parmi la foule des voix factices.
Reconnaitre l'importance de ce moment de crise est fondamental afin d'en retirer toute la vitalité qu'il recèle. Il nous impute de nous intéresser enfin à" cet autre" que nous nous obstinons depuis des années à ignorer au fond de nous- même. Cette dépression est" le signe d'une urgence à se découvrir", tel que nous sommes dans notre intentionnalité fondamentale. C'est le fait d'ignorer cette qualité d'être originelle et nos intentions sans masque qui à eu pour conséquence d'obscurcir et de démanteler l'harmonie naturelle qui régit l'espace imaginaire intérieur en relation avec notre environnement.
Peut on sortir de la dépression? Il existe autant de dépressions que d'individu, certaines sont plus graves que d'autres, certaines sont dissimulées derrière un écran de fumée très maitrisé d'actions efficaces et rationnelles, de cordialité exagérée ou même d'humour. D'autres sont explosives et hargneuses, et d'autres encore vont jusqu'à ce que l'on appelle la mélancolie. Mais oui, bien sûr, il y a une lumière au bout de ce tunnel . L'organisme humain et la psyché ont un extraordinaire pouvoir de s'auto- guérir à condition que l'on prête attention aux symptômes qui surgissent comme autant de signes du langage de ce que les psys appellent "l'inconscient', c'est à dire la dimension secrète de nous même. Une dépression peut donc être soignée.
